L'Ecole des cadavres

   L'école des cadavres, deuxième pamphlet antisémite célinien, paraît en novembre 1938. Céline y reprend l'ensemble de la thématique de ses Bagatelles : les mêmes attaques contre la démocratie sont proférées, les mêmes anticommunisme, antimaçonnisme,... et bien évidemment aussi le même antisémitisme :

"Une seule race en France : l'Aryenne ! (...) Les Juifs, hybrides afro-asiatiques, quart, demi nègres et proches orientaux, fornicateurs déchaînés, n'ont rien à faire dans ce pays. Ils doivent foutre le camp. Ce sont des parasites inassimilables, ruineux, désastreux, à tous les égards, biologiquement, moralement, socialement, suçons pourrisseurs. Les Juifs sont ici pour notre malheur. Ils ne nous apportent que du malheur."  (p.161.  NDLA : On notera ici la similitude entre les termes employés par Céline et la propagande nazie qui proclamait "Die Juden sind unser Unglück" : Les Juifs sont notre malheur)

   Mais la publication de l'École est surtout pour Céline l'occasion d'afficher clairement ses sentiments pro-nazis : 

"Quel est le véritable ennemi du capitalisme ? C'est la fascisme. Le communisme est un truc de Juif, un moyen d'asservir le peuple plus vachement encore, absolument à l'oeil. Quel est le véritable ami du peuple ? Le fascisme. Qui a le plus fait pour l'ouvrier ? L'U.R.S.S. ou Hitler ? C'est Hitler. (...) Qui a fait le plus pour le petit commerçant ? C'est pas Thorez, c'est Hitler ! Qui nous préserve de la Guerre ? C'est Hitler ! Les communistes (juifs ou enjuivés), ne pensent qu'à nous envoyer à la bute, à nous faire crever en croisades. Hitler est un bon éleveur de peuples, il est du côté de la Vie, il est soucieux de la vie des peuples, et même de la nôtre. C'est un aryen." (p.108)

   D'autre part, alors que le Royaume-Uni et la France viennent d'éviter de peu le conflit armé avec l'Allemagne nazie (qui menaçait d'envahir la Tchécoslovaquie) en signant avec les dirigeants allemands les accords de Munich, Céline reste campé sur ses positions : 

"Je me sens très ami d'Hitler, très ami de tous les Allemands, je trouve que ce sont des frères, qu'ils ont bien raison d'être racistes. Ca me ferait énormément de peine si jamais ils étaient battus. Je trouve que nos vrais ennemis c'est les Juifs et les francs-maçons. Que la guerre c'est la guerre des Juifs et des francs-maçons, que c'est pas du tout la nôtre. Que c'est un crime qu'on nous oblige à porter les armes contre des personnes de notre race, qui nous demandent rien, que c'est juste pour faire plaisir aux détrousseurs du ghetto. Que c'est la dégringolade au dernier cran de la dégueulasserie." (p.151)

   En fait, L'école est un ouvrage dans lequel Céline préconise franchement l'alliance entre la France et l'Allemagne hitlérienne, faisant de lui l'un des tous premiers collaborationnistes avant l'heure :

"Moi, je veux qu'on fasse une alliance avec l'Allemagne et tout de suite, et pas une petite alliance, précaire, pour rire, fragile, palliative ! (...) Une vrai alliance, solide, colossale, à chaux et à sable ! A la vie ! A la mort ! Voilà comme je cause ! (...) Ensemble on commandera l'Europe. Ca vaut bien la peine qu'on essaye. On filera une telle trouille aux Yites (NDLA : aux Juifs) qu'ils s'évaporeront de la planète. Même pas besoin de les toucher, on les flambera juste un petit peu... le bout des arpions... on se réveillera comme d'un cauchemar. Ils seront partis ! pour toujours !..." (p.211)

   Comme on le sait, l'avenir allait en grande partie lui donner satisfaction...

   Cette alliance que Céline appelle de ses voeux doit, comme il le préconise, déboucher à terme sur une grande Europe "aryenne", une "confédération" reposant sur l'union de la France et des États fascistes d'Europe : 

"Assez d'abattoirs ! Une armée franco-allemande d'abord ! Le reste viendra tout seul. L'Italie, l'Espagne par-dessus la marché, tout naturellement, rejoindront la Confédération. Confédération des États aryens d'Europe.(...) Tous nos malheurs viennent de Londres, de la Judéo-britannie. (p.214)

   Le propos est clair : Céline ne se sent pas beaucoup d'affinités avec les forces démocratiques d'Europe...

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CÉLINE ET L'EXTRÊME DROITE FRANÇAISE